MEURTRE DANS UN COLLèGE EN FRANCE : "L'ÉTAT DOIT PRENDRE AU SéRIEUX LA SANTé MENTALE DES JEUNES"

Les faits se sont déroulés ce mardi matin, devant le collège Françoise Dolto de Nogent, en Haute-Marne. Un contrôle de sac, avant l’entrée des élèves dans l’établissement, a viré au drame. Le collégien, auteur des faits, a été arrêté après avoir "blessé grièvement une assistante d'éducation" de 31 ans avec un couteau, a indiqué la préfecture en début de matinée. La surveillante a par la suite succombé à ses blessures. 

Un policier qui participait au contrôle des sacs a été légèrement blessé lors de l'arrestation de l'élève, a indiqué le service de gendarmerie.

“C’est une immense tristesse qui nous a frappés aujourd'hui. C'est toute une communauté qui est en deuil, tout un pays qui est en deuil. Au-delà de la tristesse, il y a de l'indignation, de la colère parce que malheureusement, ce n'est pas la première fois que le sang coule dans une école”, déplore Maxime Reppert, vice-président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (SNALC), dans une interview accordée à Euronews.

Qui est le suspect ?

Inconnu des services de police, le suspect est âgé de 14 ans, selon une source proche du dossier. Il a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Nogent, a précisé la préfecture.

À ce stade, le motif de l'attaque reste inconnu et une enquête a été ouverte.

"Plusieurs coups de couteau" ont été portés juste au moment de la rentrée des classes, et le suspect, immédiatement maîtrisé par les gendarmes présents pour le contrôle. Il "serait bien un collégien de l'établissement", selon les premières informations du rectorat. L'académie de Reims a déployé une équipe mobile de sécurité sur place.

Ce contrôle de sacs était "prévu de longue date" conjointement avec la gendarmerie, "dans le cadre de la circulaire Retailleau-Borne", a précisé le rectorat, soulignant qu'il n'y avait "pas de difficultés particulières" dans cet établissement.

Des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires qui ont été mis en place après une rixe en mars qui avait provoqué la mort d'un jeune de 17 ans devant un lycée en Essonne.

Le ministre de l'Intérieur avait alors promis davantage de "dissuasion et de sanctions" aux abords des établissements scolaires après la "longue litanie" de rixes mortelles. Mais pour le vice-président du SNALC, ces mesures ne sont pas à la hauteur de la situation.

"On ne s'attaque pas au problème de la violence des jeunes avec des fouilles aléatoires, des caméras ou des portiques. Au niveau du SNALC, nous pensons qu'il y a deux éléments indispensables que le ministère doit aborder. D'abord, la santé mentale des jeunes, qui a été depuis trop longtemps occultée par les autorités. Pour ce faire, il faut du personnel, des médecins, des infirmières, etc. Le deuxième point indispensable, c’est l'éducation. La première cellule d'apprentissage d'un enfant, ce n'est pas l'école, c'est la famille. Nous sommes convaincus que l’école ne peut pas tout porter. Il faut responsabiliser les familles et aider les parents qui en ont besoin”, explique Maxime Reppert.

Le vice-président du SNLAC demande aussi aux autorités d'"arrêter avec l'excuse de minorité, nous pensons qu'un jeune de 15 ans qui a une arme, qui commet un crime, doit être sanctionné. Il sait ce qu'il fait à cet âge-là. Il ne faut plus se baser sur des textes de 1945 qui  ont instauré cette excuse de minorité pour les jeunes. Il faut dépasser cela parce que la société a changé et parce que aujourd'hui il est nécessaire de responsabiliser les jeunes et il est nécessaire de restaurer l'autorité, l'autorité des adultes, l'autorité des enseignants."

Le gouvernement réagit

Du côté du gouvernement, le président de la République, Emmanuel Macron s'est exprimé sur X : "Alors qu'elle s'occupait de nos enfants à Nogent, une assistante d'éducation a perdu la vie, victime d'une violence insensée", a-t-il déclaré. "La nation est en deuil et le gouvernement s'est mobilisé pour faire reculer la criminalité."

En avril dernier, un lycéen a poignardé quatre autres élèves de son établissement dans l'ouest de la France, en tuant un et en blessant trois autres avant d'être arrêté. Cette affaire a incité le Premier ministre à réclamer des mesures plus strictes pour lutter contre les actes de violence à l'arme blanche dans les écoles.

La ministre de l'Éducation parle de "drame terrible". Élisabeth Borne s'est rendue sur place dans la journée.

Le ministère de l'Éducation a introduit cette année des contrôles de sacs dans certaines écoles afin de réduire le phénomène des attaques au couteau. Sur une période de deux mois au printemps, 186 couteaux ont été saisis lors des contrôles de sacs d'école et 32 personnes ont été arrêtées, selon le cabinet du ministre de l'Intérieur.

Le procureur de la République près le tribunal judiciaire de Chaumont, Denis Devallois a déclaré que l'élève était âgé de 14 ans et qu'il n'avait pas de casier judiciaire. La ministre de l'Éducation, Élisabeth Borne a ajouté que le garçon était un représentant des élèves dans le cadre du programme de lutte contre le harcèlement à l'école et qu'il avait été brièvement suspendu au début de l'année pour avoir perturbé la classe.

Au collège Françoise Dolto de Nogent, les cours de l'école ont été suspendus pour la journée. Une aide psychologique a été mise en place pour les élèves et le personnel.

2025-06-10T13:19:47Z